A quelques jours du coup d’envoi de la CAN, le sélectionneur n’a pas encore tranché sur la liste des joueurs susceptibles d’être retenus. Au moment où la plupart des autres sélectionneurs, sinon tous, ont déjà arrêté leur choix, on attend encore la liste de Kebaier qui sera enfin annoncée aujourd’hui. En plus du retard accusé et qui n’a pas manqué d’engendrer une certaine déstabilisation au sein de l’équipe, pareille tergiversation suscite davantage de questions qu’elle n’apporte de réponses !… En effet, vivre dans l’attente, c’est vivre dans le doute. Les joueurs ont besoin d’être fixés. Et le plus vite serait le mieux. Surtout avant que ce ne soit trop tard. Il est vrai que les grands événements exigent les grandes décisions et les choix les plus adaptés. Au-delà des systèmes de jeu, des schémas tactiques susceptibles d’être mis en place, des innombrables associations auxquelles on pourrait avoir recours au fil des matches, il y a de ces rendez-vous qui marquent de leur empreinte le parcours des joueurs et des entraîneurs. C’est pourquoi on ne doit les envisager, encore moins les vivre, de façon ordinaire. Il faut dire qu’après la Coupe arabe, une image brouillée s’est imposée progressivement au sein de la sélection, quand celle de certaines parties concernées s’est avérée entachée d’un dérapage évident. Le sélectionneur et ceux qui l’entourent ont oublié que le football a ses bonnes références et que les choix et les décisions ne doivent pas être improvisés, encore moins pris sous l’effet des pressions. On a l’impression aujourd’hui que certains acteurs, parés et agrémentés d’un « savoir-faire », souvent dénaturé et pas à sa place, veulent détourner les orientations de la sélection dans le sens contraire et essayent d’agir sur ses équilibres et ses fondamentaux.
Les éclats, que ce soit dans les coulisses, ou tout autour de la sélection compromettent ainsi l’image de marque du football tunisien. Il n’est pas évident que le sélectionneur se revendique en tant qu’un bon utilisateur de joueurs. La gestion du groupe s’est sensiblement dégradée ces derniers temps. On ne saurait suffisamment l’exprimer, mais les choix adoptés sont entrés dans une phase de décomposition dans laquelle les différentes parties prenantes s’amusent à se renvoyer l’ascenseur et à fuir ainsi leurs responsabilités. On ne saurait plus le cacher, certains dérapages risquent de désavouer les valeurs et les fondamentaux de la sélection. Nous sommes passés d’acteurs capables de tirer l’équipe vers le haut, à ceux plutôt préoccupés par les considérations personnelles et, la plupart du temps, extra-sportives. Le désenchantement devient progressif. Tout, ou presque, est encore sous forme d’interrogation. Les zones d’ombre et les imprécisions en sélection constituent un mystère, voire une mystification sous l’effet des aléas de l’incertitude. Kebaier dévoilera aujourd’hui sa liste. Mais il nous paraît encore temps de dire que certains joueurs piétinent encore. Pour cette raison, nous pensons que ses choix devraient prendre en considération non seulement la forme du moment, mais aussi le degré d’adaptation collective. Cela ne concerne pas uniquement des individualités, ou encore un compartiment de jeu. L’équilibre et l’utilité devraient plus que jamais prendre le dessus sur les autres considérations. Cela ne manque pas de rappeler une vérité : quels que soient les choix, les joueurs risquent de ne pas respirer le même jeu, la même ligne de conduite, le même projet, les mêmes principes collectifs. Leur utilisation et leur complémentarité (technique, physique, tactique) peuvent aussi être difficilement identifiables.
Il ne faut pas oublier enfin que la Coupe d’Afrique n’est pas la Coupe arabe. Le contexte, les exigences, l’enjeu, la compétition et les adversaires diffèrent. Ils suggèrent d’autres attitudes et un comportement bien spécial sur le terrain. Sur la durée d’une épreuve comme la Coupe d’Afrique, l’équipe de Tunisie aurait besoin non seulement d’un sélectionneur qui analyse, mais également qui sait gérer et qui a vraiment le pouvoir de galvaniser ses troupes…